Sunday, December 20, 2009

Discussion.(QUATRIEME SEANCE: L'EUROPE VERS CORNEILLE (L'ANGLETERRE))(Discussion).

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Alain Niderst : Nous vous devons beaucoup de reconnaissance pour votre talent oratoire, la precision et la vehemence parfois, disons la vehemence dans la clarte, qui accompagnaient votre expose. Si quelqu'un veut intervenir sur ces deux communications qui sont evidemment jointes l'une a l'autre, qui se completent ou se contredisent si l'on veut, mais enfin en tout cas qu'il est normal d'etudier en meme temps ...

Giorgetto Giorgi : Oui, je voulais poser une question qui est tout a fait laterale mais enfin je suis ignorant sur ce sujet-la : a quelle date a ete publiee en France la premiere traduction de Shakespeare ?

Simone Dosmond : Je crois que c'est dans les annees 1710, mais la date exacte, je ne l'ai pas.

Alain Niderst : La Fosse, a la fin du XVIIe siecle, a traduit Otway. C'est une traduction edulcoree, une belle infidele, plus infidele que belle surement, mais qui parfois evoque Shakespeare.

Giorgetto Giorgi :Une observation maintenant : il ne faut pas oublier que le roman chevaleresque existe encore dans la premiere moitie du XVIIe siecle, et que le roman chevaleresque est souvent une source de la tragi-comedie, que de nombreux romans chevaleresques francais se deroulent en Ecosse et en Angleterre et qu'un des plus celebres romans chevaleresques des annees 30 a comme protagoniste Rosidor.

Alain Niderst : Excuse-moi, de quel roman parles-tu ?

Giorgetto Giorgi : D'un roman de Logeas qui s'appelle Rosidor. C'est dans une trilogie.

Alain Niderst : Oui, je ne le connais pas.

Giorgetto Giorgi : Ce sont les derniers romans chevaleresques qui ont ete publies en France et souvent ils se deroulent en Angleterre, Amadis se deroule en Ecosse : c'est un facteur, evidemment Corneille les connaissait.

Alain Niderst : Je crois, enfin c'est pratiquement certain, que par l'intermediaire de Rouen ou meme de Paris et de la Cour, Corneille a vu des seigneurs anglais ou des seigneurs francais qui revenaient d'Angleterre, qui lui ont montre des canevas ou des textes de pieces anglaises ou qui les lui ont fait comprendre, cela me parait pratiquement sur, c'est tellement repandu a l'epoque. Cela dit, cette diffusion demeure floue, et, je cherche l'adjectif, disons multiple, mais en meme temps vague. Alors comment passer de cette diffusion avec tous ces qualificatifs que j'essaie de trouver, a une certitude d'influence, c'est toujours le meme probleme auquel nous aboutissons.

Francois Lasserre : Je voudrais ajouter un mot, vous avez parle des << belles infideles >> ; a partir du moment ou on ne retiendrait que cette hypothese de connaissance par traduction, ce n'est plus la peine de chercher : il n'y a pas d'influence. Quant a la connaissance eventuelle de la langue anglaise, tout le monde dit : on ne la connaissait pas, c'est vrai, mais un original comme Corneille (je ne suis pas tout a fait de l'avis de Mme Dosmond, quand elle dit qu'il n'etait pas original a vingt-cinq ans, je crois qu'il l'etait deja) a pu vouloir apprendre l'anglais, parce qu'a Rouen il en entendait beaucoup parler.

Alain Niderst : Je peux dire un mot. La reine d'Angleterre de l'epoque est une Francaise, c'est Henriette, la fille de Henri IV, qui a fait venir des Francais avec elle, il est certain que ces Francais ont appris l'anglais, ils ne pouvaient pas vivre autrement, et ils sont revenus en France a un moment ou a l'autre ... Mais tout cela, je reconnais, ce sont plus des probabilites ou des quasi-certitudes que des choses absolument precises.

Francois Lasserre : Oui, mais ce sont des probabilites que nous opposons a d'autres probabilites finalement ou a des traditions, parce que dans le livre de M. Ascoli, La Grande Bretagne devant l'opinion publique francaise au XVIIe siecle, on a les indications des ouvrages qui pouvaient permettre d'apprendre la langue anglaise, il n'y en avait pas beaucoup, mais a Rouen, chez Oursel, un Alphabet anglais, qui a ete tres souvent reedite pendant le XVIIe siecle, Alphabet anglais contenant la prononciation des lettres avec les declinaisons et les conjugaisons, par hasard je suis tombe sur ce livre a la Bibliotheque de l'Arsenal, je ne le cherchais pas : c'est un assimil, on a fait des assimils au XVIIe siecle, alors quelqu'un qui avait envie d'apprendre l'anglais ... Supposons que ca a ete une idee, une lubie extravagante, tout ce qu'on voudra que Corneille a pu avoir, puisqu'il savait qu'il y avait des theatres en Angleterre et qu'il s'interessait a tout ce qui etait theatre vivant, alors supposons qu'il ait eu cette envie d'apprendre l'anglais, il le pouvait. Et il le pouvait d'autant plus qu'il etait avocat du roi au siege de l'Amiraute et qu'il a exerce cette charge pendant vingt-et-un ans, cela consistait a constituer des dossiers administratifs sur les litiges portuaires, il y avait des Anglais la-dedans, bien sur on les obligeait certainement a parler francais ou a avoir des interpretes, mais enfin quand vous voulez instruire un dossier serieusement, vous pouvez essayer d'apprendre a baragouiner cette langue. Je ne dis pas, je ne pretends surtout pas, que Corneille ait bien connu l'anglais ; il connaissait bien l'espagnol, il etait hispanisant, il s'en flatte, c'est vrai, c'est sur, on a des preuves. En ce qui concerne l'anglais, on n'a quasiment aucune preuve sauf -- je vais faire allusion a une chose dont Mme Picciola a parle dans son livre et dont on a reparle ici -- cette mention par Corneille du fait que Don Sanche d'Aragon aurait eu pour source un vieux manuscrit espagnol. Ce vieux manuscrit espagnol, Mme Picciola elle-meme l'a ecrit dans son livre : c'est une galejade, mais c'est evident : dans les sources de Don Sanche, il y a l'histoire du Palacio Confuso, et puis le roman de Don Pelage qui donne un peu le denouement, mais au fond le denouement et tout le reste, c'est de la psychologie cornelienne, donc le manuscrit espagnol est impossible, on ne sait pas ou le placer. Mais quand il envoie Don Sanche a M. de Zuylichem, Corneille ecrit cette histoire de manuscrit espagnol. Pourquoi ? Parce que M. de Zuylichem dans la lettre qu'il lui a adressee precedemment, lui ecrit : je vous envoie un document anglais, peut-etre comprenez vous le baragouin de ces gens-la, et Corneille ne veut pas dire qu'il comprend le baragouin de ces gens-la, c'est pour cela qu'il raconte pour Don Sanche son histoire de manuscrit espagnol, c'est peut-etre un peu romance, mais enfin j'ai l'impression que cela s'est passe ainsi.

Daniele Becker : Ne croyez-vous pas que ce manuscrit espagnol, c'est simplement un clin d'oeil d'un bon lecteur du Don Quichotte, qui, comme chacun sait, vient d'un manuscrit qui trainait dans les caniveaux de Tolede, ramasse par l'auteur, qui dit : j'ai trouve un manuscrit en arabe, et maintenant je vais vous raconter l'histoire en castillan ? C'est une histoire archiconnue, et pour le reste je me demande aussi s'il n'y aurait pas lieu de chercher non seulement dans les pieces de theatre, mais aussi dans des nouvelles : y a-t-il des nouvelles qui pourraient se passer en Angleterre, soit qu'elles soient effectivement d'auteurs anglais, soit d'autres auteurs qui decident de faire de l'Angleterre un pays exotique, comme on procede pour tout ce qui peut se passer du cote mauresque. Par exemple, on sait tres bien que la nouvelle du captif, qui se trouve inseree dans le Quichotte, raconte des histoires semblables a ce que vous avez raconte tout a l'heure, et qu'on retrouve cela dans le Principe constante de Calderon de 1629, il y a certainement des tas de parentes, des tas de gens qui traitent des sujets du meme type a ce moment-la, il y a des vogues de l'exotisme ...

Alain Niderst : Pour Don Sanche c'est certain. Je voudrais qu'on donne la parole a M. Minel et a M. Soare et apres que nous ayons une petite pause avant la deuxieme partie de l'apres-midi.

Emmanuel Minel : Puisqu'on vient de parler de Cervantes, je crois que c'est M. Lasserre qui, a un moment, parle de l'histoire du chevalier au pilon ardent, il me semble me souvenir que dans l'episode des moutons ou Don Quichotte raconte a Sancho une bataille imaginaire simplement parce qu'il y a deux troupeaux de moutons qui se rencontrent, il me semble que ce personnage apparait, donc que le chevalier au pilon ardent est dans le Quichotteaussi. Il y a peut-etre des influences plus sinueuses, mais inversement dans la serie des non-preuves sur les rapports entre l'Angleterre et la France et la possibilite de lire l'anglais, je voudrais donner quelques pistes supplementaires pour ajouter au doute, rappeler par exemple qu'a l'epoque, au moment de la Fronde, il y a un corps expeditionnaire anglais protestant qui debarque a Dieppe pour aider les Dieppois contre les troupes royales ; donc ces Anglais arrivent et ils campent dans Dieppe ; il y a forcement des gens qui font les interpretes, donc des Francais qui parlent anglais, des Anglais qui parlent francais. Il est aussi a noter qu'evidemment les Dieppois qui vont etre du cote du corps expeditionnaire anglais, sont plutot du cote protestant, ils sont mal vus et d'ailleurs ils vont avoir quelques ennuis avec les troupes royales, donc pensez aussi a l'histoire litteraire parisienne, a la facon dont on raconte ou dont on empeche peut-etre de formuler ou dont on evite de formuler des rapports litteraires entre la Normandie et l'Angleterre : c'est peut-etre parce qu'il y a des precautions politiques qui sont en arriere-plan : ainsi Corneille pourrait avoir interet a dissimuler qu'il connait l'anglais. Ensuite il faut rappeler aussi que la Normandie de l'epoque financierement represente apparemment, d'apres les travaux des historiens, un quart des impots royaux de la France ; un quart de la richesse des impots du roi de France vient de la Normandie et environ un tiers de cette richesse de la Normandie vient du commerce et du commerce de la Manche, du commerce avec l'Angleterre. On peut difficilement penser que les commercants qui entretiennent ces rapports commerciaux si fructueux avec l'Angleterre, ne parlent pas anglais ou ne peuvent pas eux-memes se faire raconter, par exemple, des pieces de theatre. Or, le public privilegie du theatre shakespearien, en terme de nombre, c'est le public issu de ce que l'on va appeler la classe moyenne anglaise, ce sont les marchands, ce ne sont pas les nobles, les grands. Donc a travers le port de Rouen, a travers les gens du port de commerce, les gens de la bourgeoisie rouennaise, il y a sans doute moyen, evidemment c'est toujours de l'ordre du possible, mais il y a moyen de se faire raconter les pieces anglaises. Une autre hypothese enfin, en forme de question : est-ce que l'on sait si par le biais de la traduction latine, on a une diffusion du theatre anglais qui serait saisissable a travers le latin ou a travers des editions hollandaises pirates comme cela se fait entre la France et la Hollande ? Cela, je ne le sais pas du tout mais ce serait peut-etre une hypothese a verifier. Le dernier point c'est qu'on peut partir aussi du constat inverse: Shakespeare tire certaines de ses idees de pieces, de la traduction en anglais de textes francais, par exemple de Belleforest ; donc en Angleterre meme, il y a des gens qui sont bilingues et qui sont capables de raconter a des Francais, des histoires, voire de faire circuler des manuscrits ... Si j'ai encore une minute, je voudrais poser une question un peu critique a M. Lasserre, pour la comparaison qu'il a faite, un moment donne, entre The Court Secret de Massinger et Pulcherie avec cette idee de descendre et de remonter sur le trone, c'est une idee qui est tres forte, mais qui, d'un point de vue theorique, a mon avis, demande une confirmation d'un autre type : c'est un peu genant d'avoir a transposer quelque chose qui est de l'ordre de la mise en scene, des gestes des acteurs, a quelque chose qui est seulement de l'ordre du verbal, de l'ordre du discours. Cela devient deux vers dans Pulcherie, c'est quand meme un peu leger, sauf si l'on fait la theorie que dans le theatre de Corneille, (peut-etre faudrait-il travailler en amont ce point-la) on a un imaginaire de la parole, un imaginaire de l'ecriture, qui fonctionnent specifiquement : ainsi l'etat de l'esprit du heros cornelien et celui de Corneille ecrivain fonctionneraient comme une mise en mots heroiques de situations sceniques, et a partir de la effectivement il y aurait une transposition tout a fait forte et legitime d'une situation en un distique ...

Alain Niderst : Je crois qu'Antoine Soare avait un mot a dire, ensuite Francois Lasserre repondra a ses deux interlocuteurs.

Antoine Soare : Tout d'abord je voudrais dire combien je suis d'accord avec cette suggestion de chercher aussi du cote des nouvelles et du roman, premierement parce que c'est un fait, a cette epoque le theatre emprunte massivement au roman, alors que l'inverse n'est pas vrai du tout, et il y a au moins l' Arcadia de Sidney qui est la source reconnue de pas mal de tragi comedies. Deuxiemement, c'est sur, on peut jouer un peu sur ce terme heureux de drame elisabethain, qui indiquait tantot une source geographique et historique precise, tantot et je crois que c'est comme cela que Lebegue entendait le terme quand il l'avait lance, il faut comprendre plutot par ce terme un climat europeen ou circulent un peu les memes motifs, les memes rouages dramaturgiques. Alors, de ce point de vue j'avoue que je ne peux trouver dans Clitandre un element, un effet, qui n'existe pas dans d'autres tragi-comedies du temps. Vous avez bien dit le succes que le genre connaissait a l'epoque au detriment de la tragedie, et alors on peut se poser la question : puisque c'est la seule piece que Corneille ait ecrite dans ce registre, absolument la seule, est-ce que cela n'a pas ete pour lui une sorte d'exercice de virtuosite, consistant a regler son compte a la tragi-comedie pure et dure, un cadre que d'ailleurs il detestait, lui regler le compte par la perfection ? Il fera mieux que tout le monde, c'est la loi de la surenchere dans Clitandre, et ensuite c'est fini, ce sera son dernier mot dans ce registre.

Alain Niderst : Francois Lasserre, vous avez la parole.

Francois Lasserre : Rapide reponse en ce qui concerne une influence eventuelle du Don Quichottesur le Chevalier au pilon ardent : les auteurs se defendent dans leur preface d'avoir subi une influence, le libraire dit que cela n'a rien a voir, la piece date de 1610 environ et le Don Quichottea ete publie en espagnol en 1605 et la premiere traduction anglaise est tres posterieure, elle date peut-etre de 1616. Sur le manuscrit je veux bien que ce soit un lieu commun, mais cela ne change rien a l'interpretation que j'essaie d'en donner, qui est tres romanesque, je le reconnais. En ce qui concerne le fait que vous me dites, que c'est difficile de transformer une didascalie en des vers, je dis non, parce que Corneille ne voyait pas la piece theatrale representee, il la lisait, il voit un jeu de scene qui est, je vous l'ai cite, << elle descend et elle lui dit : Arcadius, remontez, je vais voir, donnezmoi la main pour remonter >>, et comme vous avez dit, le rapprochement verbal est assez impressionnant, mais moi je ne vois pas la difference entre le jeu de scene et les vers, et dernier point, en ce qui concerne les romans, je suis, mais vraiment tout a fait, d'accord pour qu'on dise : ceci existe dans une autre source, et donc on ne peut conclure, mais j'ai essaye, moi, dans mon travail, de prendre les choses au plus pres du climat de la cellule dramatique, au plus pres des mots, des termes employes.

Alain Niderst : Oui, il faut avouer tout de meme, et ce sera le dernier mot de cette session, que Don Sanche est indiscutablement tire d'une nouvelle, et pour Rodoguneca a ete avance plusieurs fois. Voltaire dit que ca a ete tire d'un vieux roman et Laujon a dit la meme chose, il y a tout de meme des possibilites que l'intrigue de Rodogune avec ses bases historiques, ce qui vient des Macchabees, ce qui vient de Flavius Josephe, emane malgre tout d'un roman et c'est le cas aussi pour Don Sanche qui n'a rien a voir avec l'histoire de l'Espagne. C'est d'ailleurs la que cela devient interessant : on nous dit toujours: Corneille est un historien scrupuleux, l'emotion n'est pas l'essentiel pour lui, mais la veracite historique, c'est d'ailleurs ce qu'il dit lui-meme. Or, Don Sanche, c'est exactement l'inverse. Les sources qu'il donne, les sources historiques qu'il donne a Don Sanche, je les ai cherchees, il cite des noms de rois, donc ce n'est pas difficile, il suffit de retrouver ces rois dans l'histoire de l'Aragon et de la Castille et de voir si la genealogie qu'il donne est correcte. Or, elle ne l'est absolument pas, elle est completement imaginaire et cela n'empeche pas Corneille de dire : voici les sources dont je suis parti. On arrive alors a quelque chose de tres precis, de tres vivant: dans la creation cornelienne. Je terminerai ainsi cette session qui visiblement a suscite les passions et qui aura donne lieu a des discussions interminables et pleines de chaleur, mais toutefois d'amenite.

Source Citation
Niderst, Alain, et al. "Discussion." Papers on French Seventeenth Century Literature July 2008: 199+. Academic OneFile. Web. 20 Dec. 2009. .


Gale Document Number:A184231795



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